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Hommage à M. Samuel Paty

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Le 21 octobre 2020

Hommage à M. Samuel Paty - Mercredi 21 octobre 2020

Allocution de Madame le Maire

Vendredi 16 octobre, M. Samuel Paty, Professeur d’histoire géographie, en charge de l’enseignement moral et civique au collège du Bois d’Aulne, à Confluans Saint Honorine, a été lâchement assassiné, de la manière la plus sauvage que l’on puisse imaginer. C’est avec émotion, tristesse et colère, que nous sommes là pour lui rendre hommage.

Mes pensées s’adressent en priorité à sa femme, à son fils et à tous ses proches dont les vies ont basculé dans l’horreur. Nous leur adressons nos plus vives condoléances.

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ». C’est en ces termes que la « liberté d’expression» est définie dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, et  posée comme principe constitutionnel.

En 2020, en France, un professeur de l’école de la République est exécuté pour avoir enseigné ce principe de liberté d’expression à ses élèves. C’est un choc pour nous tous qui a saisi d’effroi le pays tout entier.  

Professeur reconnu comme passionné et engagé pour son si beau métier qu’est l’enseignement, il était un homme libre et courageux. Un professeur qui donnait le gout d’apprendre. En montrant des caricatures de Mahomet à ses élèves de 4ème, il cherchait noblement à préparer des jeunes à l’exercice de l’esprit critique, condition essentielle à une pleine citoyenneté. Nous ne pourrons jamais lui dire suffisamment merci pour cela.

Cinq ans après « JesuisCharlie », c’est un autre pilier de notre République, qui est attaqué de plein fouet : l’école. L’institution qui, par excellence, est un formidable outil de lutte contre l’obscurantisme.  Victor Hugo le disait si bien devant l’Assemblée Nationale, déjà en 1848 :

" Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d'études pour les enfants, les maisons de lecture pour les hommes, tous les établissements, tous les asiles où l'on médite, où l'on s'instruit, où l'on se recueille, où l'on apprend quelque chose, où l'on devient meilleur, en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple, car c'est par les ténèbres qu'on le perd."

L’école de la République est un trésor, elle doit rester ce sanctuaire qu’il est indispensable de protéger. Renforcer la laïcité et donner aux professeurs les moyens d’enseigner sans tabou, sans avoir à craindre de quelconques pressions  est primordial.

Ce drame interroge aussi, il me semble, la face sombre de la puissance des réseaux sociaux, sur lesquels Samuel Paty avait fait l’objet d’une véritable cabale. Il est urgent de réapprendre à faire la distinction entre croyance, vérité scientifique, opinion et savoir, qui sont parfois traités sur le même plan sur les réseaux jusqu’à en devenir viral et déchainer les haines.

Rien ne peut justifier la barbarie, la lutte contre tous les fanatismes suppose une mobilisation sans faille. Ce soir, nos drapeaux et nos cœurs sont en berne, mais nos valeurs, elles, ne le seront jamais.

Je vous remercie d’avoir répondu présents à l’appel de rassemblement.

Nous sommes ensemble pour réaffirmer notre profond attachement aux fondements de la République : liberté, égalité, fraternité et laïcité, que nous défendrons sans relâche. Nous sommes ensemble pour clamer que, jamais, nous n’abdiquerons. Nous continuerons de résister et de lutter contre les extrémismes, contre les fanatismes religieux, contre le terrorisme, sans aucune concession. C’est ensemble et unis qu’est notre seule chance de vaincre. Alors ne laissons pas la terreur nous diviser, et encore moins répondre à la haine par la haine. Plus que jamais la République reste debout, nous avons le devoir de faire bloc.

C’est avec un immense respect que je vous demande d’observer une minute de silence à la mémoire de M. Samuel Paty.